Cendrillon et la thérapie brève systémique et stratégique

Cendrillon… Un conte qui a fait rêver et continue de faire rêver des générations de petites filles. Pourtant l’histoire se présente bien loin du conte de fée. Une jeune fille qui subit harcèlement, violences psychologiques de toutes sortes, insultes… mais qui garde le sourire contre vents et marées jusqu’à ce que, comble du malheur, sa robe soit déchirée par les harpies.

La baguette magique

Je pose ma question, là : qu’est-ce que nous envoyons, bien malgré nous, comme messages implicites à nos filles ? Derrière ce conte qui a bercé notre enfance, se cachent bien sûr une histoire de résilience mais surtout la croyance que seuls les autres peuvent changer nos vies : la fée avec ses tours de magie, le prince, qui sort la pauvre Cendrillon de sa condition d’esclave et de jeune fille maltraitée.

C’est ainsi que nous apprenons très tôt à la fois à mettre notre destin dans les mains d’un autre (un homme, puisque nous le savons tous, les fées n’existent pas) mais également à courber l’échine lorsque nous sommes maltraitées parce que c’est sûr, nous allons nous en sortir grâce à des aides extérieures.

Vue de la fenêtre de la thérapie brève systémique et stratégique

Analysons le comportement de Cendrillon et de ses bourreaux via la thérapie brève. Cendrillon se laisse faire et est traitée comme une serpillère. Elle ne dit rien. Fait tout ce qu’on lui demande. Pourquoi ? Probablement parce qu’elle a peur de se retrouver à la rue. C’est sans doute cette émotion, bien légitime, qui inhibe toute volonté de se rebeller. Donc en toute logique, elle se laisse maltraitée. C’est là que le bas blesse. Plus elle se laisse maltraitée, plus les harpies la maltraitent, plus elle perd l’estime d’elle et plus elle se laisse maltraitée.

Un prince providentiel vient tout de même la sauver. Et le message implicite est que Cendrillon ne s’en serait probablement jamais sortie toute seule. Elle ne fera pas non plus l’expérience de puiser dans ses propres ressources.

Renaître de ses cendres

Les praticiens en thérapie brève systémique et stratégique ne sont pas des bonnes fées ou des magiciens. Si je recevais Cendrillon en consultation, je lui proposerais de prendre RDV avec sa peur si bien entendu, elle fait tout pour ne pas y penser. Sa belle-mère pourrait, que sais je, la frapper à coups de balai et l’handicaper à vie, ou encore la rouer de coups et l’enfermer pendant des jours en lui jetant du pain sec et de l’eau… Bref, tout un tas de scénarios tous plus horribles les uns que les autres.

Une fois sa peur apaisée, je lui proposerais, par exemple, de faire une annonce à ses bourreaux : à partir de demain, je vous laisserai gérer seules vos petits déjeuners. Si vous sonnez, je ne viendrai pas. J’irais creuser avec elle ce que pourraient faire les harpies pour maintenir l’homéostasie du système afin de préparer Cendrillon à toutes les éventualités. A partir de ce moment, elle fera l’expérience qu’elle peut apaiser la souffrance relationnelle et arrêter d’être prise pour une serpillière.

En thérapie brève systémique et stratégique, notre job c’est d’aider nos patients à arrêter de faire ce qu’ils font, qui crée de la souffrance. Mais également de leur faire faire autre chose à la place, le contraire de ce qu’ils faisait jusqu’à présent. Chose très difficile. Parfois, comme Cendrillon, nous répétons les mêmes comportements pendant des années.

Baguette magique au placard. Les bourreaux n’ont qu’à bien se tenir. Cendrillon, Blanche-neige, La Belle au bois dormant arrivent !!!

Prendre RDV.

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